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DR(EA)²M'oscope n°3

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Septembre 2019

Deux plans sinon rien !   

Les amateurs de cyclisme le savent : aucun coureur ne remportera plus à la fois des classiques et un Grand Tour. Il faut remonter aux années Merckx et Hinault pour trouver de tels vainqueurs. C’était il y a 50 ans. Depuis, les directeurs sportifs ont compris que chaque course nécessite une stratégie différente, avec une équipe adaptée, des entraînements spécifiques et un accompagnement sur mesure. Et ils ne sont pas les seuls. Dans le monde du football, on a vu un entraineur changer son gardien juste pour la séance de tirs au but d’un quart de finale de Coupe du Monde. Coup gagnant, on s’en souvient tous. Dans les médias, le contenu est désormais personnalisé pour chaque utilisateur. L’industrie pharmaceutique investit massivement dans le big data afin de pouvoir proposer des médicaments dosés pour chaque symptôme et chaque patient. La domotique permet déjà une utilisation pièce par pièce, appareil par appareil, watt par watt. L’ère du tous indéfinis a fait place à celle du chacun spécifique.

Pourquoi alors les gouvernements continuent-ils à ne promouvoir qu’un seul plan de développement pour l’ensemble de la population ? Imaginons plutôt que le nouveau Gouvernement wallon, au lieu de lancer un énième plan, issu d’un consensus pour plaire au plus grand nombre, change de paradigme et conçoive des plans de développement répondant aux attentes de différents groupes de citoyens.

La question est réellement d’actualité puisque deux urgences sont au centre des discussions : l’urgence économique et sociale d’une part, et l’urgence climatique d’autre part. Toutes deux suscitent de vives tensions internationales et une profonde angoisse citoyenne, que traduisent entre autres les récents mouvements des gilets jaunes et des gilets verts. Toutes deux sont pourtant légitimes mais, si l’on suit le raisonnement des directeurs sportifs, on ne pourra y répondre avec les mêmes outils, selon le même calendrier et grâce aux mêmes forces vives.

La première exige une réponse à court terme avec la poursuite du modèle de croissance économique et le soutien aux secteurs économiques les plus compétitifs. Elle se traduit notamment par le plan Marshall wallon ou, à une échelle plus locale, par le plan CATCH de Charleroi.

La deuxième requiert une réponse à long terme via le développement d’un nouveau paradigme économique totalement neutre vis-à-vis de la planète, et l’appui structurel à toutes les initiatives qui, au quotidien, travaillent déjà à sa résolution. Ce plan, la Wallonie doit l’inventer et y investir chaque année de plus en plus de moyens pour à terme, permettre le basculement d’un modèle qui nous a amené énormément de progrès mais se montre incapable d’intégrer les externalités négatives vers un modèle entièrement résilient.

C’est à ces conditions que la Wallonie pourra gagner des classiques de la croissance économique et se positionner pour remporter avec les autres citoyens du monde, le Grand Tour de l’humanité.

Pour DR(EA)²M, Jean-Philippe Lens