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DR(EA)²M'oscope n°2

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Mai 2019

Pour en finir avec les cellules commerciales vides dans les petites villes touristiques ?  

Les beaux jours sont de retour. L’envie d’aller flâner dans une de ces magnifiques petites cités qui parsèment notre territoire va donc reprendre. Bouillon, Durbuy, La Roche, Chimay, Saint-Hubert, Dinant, … ont tous les atouts pour rendre ces flâneries inoubliables et ressourçantes. Pourtant, dès les premiers pavés foulés, quelque chose perturbe l’attention. Les terrasses sont ouvertes et remplies, des animations prennent places dans les rues, l’aménagement urbain est de qualité et l’offre Horeca est diversifiée. Tout témoigne d’un certain dynamisme sauf un point récurent à chaque ville : le nombre de cellules commerciales vides est important tout autant que le nombre de panneaux « commerce à remettre ». Grrrr, comme le sparadrap qui colle au doigt de Rastapopoulos, ces affiches nous font coller à la peau cette image d’une Wallonie encore et toujours en déclin.

On pourrait faillir à un optimisme béat à la lecture du dernier bulletin sur ce sujet de l’Association du Management du Centre-Ville qui pointe une embellie de la dynamique commerciale dans les centres urbains wallons. Après plusieurs années de difficultés suite à l’arrivée des centres commerciaux puis de l’e-commerce, les petits commerces de centre-ville réussiraient enfin leur repositionnement dans l’offre commerciale globale. Le marché se régulerait donc à nouveau correctement. Liège, Louvain-la-Neuve, Namur, Arlon ou Beauraing en sont des exemples qui montrent qu’une politique de la ville ambitieuse et plurielle (aménagement urbain, offre culturelle, animations, soutiens financiers, …) constitue un effet levier indispensable à la dynamique privée.

Ce serait une erreur de croire qu’il suffirait d’appliquer cette même recette aux petites villes touristiques. Elle l’a d’ailleurs déjà été et les cellules vides n’ont pas disparus. Non, la particularité de ces villes est de connaître des variations fortes de chalands entre l’été, les beaux week-ends et les autres mois de l’année qui impacte directement la viabilité des commerces. Commerces dont la rigidité physique n’est pas adaptée à ce contexte. Et si la solution venait de davantage de flexibilité dans l’offre commerciale ? Et si, à côté d’une offre commerciale « dure » adaptée à la taille de la chalandise résidente il convenait de développer une offre commerciale « légère » qui viendrait répondre à la chalandise saisonnière ? Trois éléments étayent cette idée. Premièrement, l’espace public redevient un lieu d’investissement des pouvoirs publics et les places sont libérées des voitures pour retrouver leur fonction sociale, urbanistique et paysagère. De nouveaux espaces sont donc disponibles. Deuxièmement, les commerces mobiles, portés par la vague des food-trucks, sont en plein essor et présentent aujourd’hui une belle qualité et diversité qui s’étend désormais au-delà du seul camion-burger. Troisièmement, des années d’expérience ont été acquises dans l’organisation de villages de Noël et de festivals de musique qui montrent aujourd’hui une réelle qualité d’organisation, d’attractivité et de rentabilité pour des événements ponctuels.

Dans leurs projets de réaménagement urbain, les petites villes touristiques pourraient dès à présent y intégrer une fonction d’accueil de « village commercial léger » qui viendrait, lors de la saison estivale et des fêtes, compléter l’offre de commerces « durs ». Trois étapes essentielles permettraient d’y arriver. Premièrement, étudier et comprendre précisément la demande commerciale des chalands résidents de celle des chalands saisonniers afin d’identifier le type et le nombre de commerces à garder en « dur » de ceux à accueillir en « léger ». Deuxièmement, traduire urbanistiquement cette offre par un périmètre et des surfaces pouvant accueillir les commerces « durs » et par un aménagement d’un site et/ou de rues destinées à recevoir les commerces « légers ». Enfin, mettre en place une équipe « commerces » chargée d’accompagner, encadrer et promotionner cette nouvelle dynamique commerciale afin de garantir la même réussite que les villages de Noël et festivals d’été.

La seule question qui se pose désormais est de savoir laquelle de nos petites villes touristiques sera la première à ne plus avoir de cellules vides.

Pour DR(EA)²M, Jean-Philippe Lens